Des retrouvailles, et des révélations [ft. Simon]

Mieux vaut tard que jamais oui. Je n’avais pas répondu à sa remarque, me contentant de lâcher un rictus. J’étais content de le voir, mais pas totalement dupe, je savais qu’il ne s’était déplacé pour me répondre que parce qu’il avait besoin de moi. Mais c’était plus fort que moi, j’étais content qu’un membre de ma famille ne daigne enfin venir me voir, même si je ne l’admettrais jamais. Il ne semblait pas ravi de m’attendre mais il n’avait de toute façon pas le choix et moi non plus. Ici on ne part que quand le boulot est terminé, le client devant venir chercher sa voiture au petit matin. Je souriais à nouveau en l’entendant sursauter quand j’avais relâcher le capot. C’est ça quand on décide de se droguer, faut assumer ensuite ! Toujours est-il qu’avant ça, il avait acté par la parole qu’il allait travailler pour moi et cela me plaisait de l’entendre de vive voix, de sa bouche. Il avait fini par attraper ma main mais je n’avais rien loupé de son dégoût au moment de s’essuyer sur son haut. Moi au moins, je n’avais pas peur de mettre les mains dans la crasse quand il le fallait, ce n’était sûrement pas son cas à lui qui devait toujours passer ses journées sur sa gratte. Et puis au final, je m’y étais habitué avec le temps. J’en avais en tout cas terminé et il accepta de venir passer la soirée à la maison. Je cachais mon sourire intérieurement cette fois, celui que je ne voulais pas qu’il voit, ce cœur de grand frère heureux d’accueillir son frangin. Je passais alors rapidement à mon casier récupérer mes quelques affaires et me laver les mains avant de le rejoindre, fermant la porte du garage.

Je passais alors mon bras autour de mon épaule pour l’entraîner avec moi. N’importe qui nous voyant dans la rue aurait pu croire à deux frangins qui avaient l’habitude de se voir, de déconner ensemble. « T’inquiètes pas frangin, j’ai tout ce qu’il faut ! Came, alcool, t’auras qu’à demander ! » Dis-je tout en lui tapant le torse de mon autre main avec virilité en riant légèrement. Il ne nous fallu que quelques minutes pour arriver devant un immeuble qui déjà de l’extérieur faisait peine à voir. Après avoir monté les six étages, l’ascenseur étant en panne depuis sans doute bien avant que j’emménage, je le faisais entrer dans le minuscule studio qui ma servait d’habitation. « Bienvenue chez moi. » Lâchais-je simplement. C’était comme d’habitude un sacré bordel. J’avais un vieux canapé lit qui était resté déplié, du linge à traîner par terre, et des restes du joint de la veille sur ma table basse. La différence avec d’habitude, c’est que les seules personnes que je ramenais ici arrivaient bien éméchées et pas tout à fait lucide. Simon était peut-être en état de manque, mais bien lucide pour le moment. « Fais comme chez toi. » Ajoutais-je tout en refermant derrière lui et lui montrant le canapé lit. J’allais alors directement vers une vielle commode en bois, ouvrant le premier tiroir avant de me retourner vers lui pour lui envoyer un cachet. « C’est ceux-là que tu prend, n’est-ce pas ? » Je lui avais peut-être vendu indirectement, ça ne m’empêchait pas de connaître sa consommation. Bon je me doutais aussi que ça ne serait pas suffisant pour lui, mais j’avais envie qu’il me le dise de lui même, ça avait une petite saveur particulière pour moi !

Si une part de moi se foutait un peu de voir sa famille, c’était en réalité surtout une facette que je souhaitais montrer aux gens. Comme si ça ne m’atteignait pas, parce que je suis un homme, fort, viril, et qu’il m’en faut beaucoup plus. Mais au fond, le petit Jared serait toujours là, celui pour qui la famille était sacrée et qui serait prêt à tout pour défendre les siens, les protéger, même si je n’avais jamais vraiment su comment faire. Ça je ne le montrais pas, mais j’étais de plus en plus heureux d’être avec Simon, même si son geste était intéressé, un de mes frangins daignait enfin venir me voir et cela me réchauffait le cœur. Sur le trajet, il m’avait posé cette question, demander ou se servir, mais je lui avais simplement dit d’arrêter de poser des questions, qu’il aurait ce qu’il lui fallait et que c’était le principal. La drogue l’avait vraiment changé pas de doutes, mais bon il m’en fallait plus pour m’inquiéter moi. On arrivait alors devant chez moi et je rigolais légèrement en le voyant essoufflé après les six étages, parlant de l’ascenseur. J’avais tellement l’habitude que je les montais tranquillement moi désormais. « Je l’ai jamais vu en état de marche. D’ailleurs, c’est à se demander s’il a déjà marché. » Puis même s’ils le réparaient, il était tellement vieux que je n’étais pas certain de vouloir monter dedans. On rentrait alors dans le studio et lorsqu’il me dit que c’était petit mais sympa, je me contentais de lâcher un nouveau rictus. Formule de politesse, même si c’était chez moi et que je me contentais, ça n’avait rien de … sympa. Mais pas question d’épiloguer sur ma pitoyable vie. J’étais avec mon frère, il y avait bien mieux à faire !

Je lui avais envoyé son cacheton mais comme prévu, il m’en demandait déjà plus. Accoudé à la commode, je le regardais en l’écoutant parler. Il me parlait également de mélange … n’importe quel frère aurait du s’inquiéter ! N’importe quel frère … sauf moi. Je laissais alors quelques instants de silence, toujours incroyablement calme, avant de finalement m’écarter pour rouvrir le tiroir qui pour mon frangin allait ressembler à la caverne d’ali baba. Si un flic mettait un jour le nez ici, j’étais cuis c’était sur. « Allez c’est bon, viens te servir. Par contre j’te préviens, pas de conneries. » Se défoncer et planer un moment c’était une chose, se mettre en danger en était une autre. Je le laissais alors faire en allant vers le coin cuisine. J’attrapais alors la bouteille d’alcool qui traînait là sur la table, regardant l’étiquette « Vodka ? » Lui dis-je alors en me tournant vers lui. Qu’il ne s’attende pas à trouver de l’alcool de qualité ici, l’argent me faisait bien trop défaut pour ça. Et déjà, j’ouvrais la porte de placard au-dessus pour attraper deux shooters que j’emmenais avec la bouteille sur la table basse. Mais avant tout, je saisissais le nécessaire resté sur la table pour commencer à me rouler un joint. Je l’avais bien mérité après ma dure journée de labeure.

On était vraiment les pires frères au monde je crois. Normalement ça devrait être naturel de savoir comment réagir l’un envers l’autre, c’est quelque chose qu’on aurait du développer avec le temps et ne jamais vraiment se poser la question. Mais là on était comme deux débiles à se poser des questions sur ce qu’on pouvait se dire où non sans que ce soit gênant. En effet, il venait déjà de se confier un peu, et je décidais même de revenir un peu sur ce qu’il avait dit pour me confier moi aussi, que ça marche dans les deux sens. « Moi non plus j’suis pas du genre à tomber amoureux. Et à partir en scred au p’tit matin. Pas besoin de se faire chier à parler au moins comme ça, tu vas droit au but. » Ce que ça devait être long et chiant d’apprendre à connaître l’autre. Le simple fait de discuter avant de coucher m’ennuyait moi. Il me parlait alors de Wyatt et de ses exploits. Il avait déjà vingt ans le gamin déjà ? C’était mon frère, j’aurais du connaître sa date de naissance, savoir le nombre d’années d’écart que nous avions, mais non, même pas. D’ailleurs, j’étais du genre à ne jamais souhaiter les anniversaires même dans ma famille car je ne retenais jamais les dates. Je rigolais en tout cas en l’entendant parler de l’exploit de notre petit frère.

La joint me montait doucement au cerveau et je me détendais de plus en plus. Peut-être l’alcool aussi. D’ailleurs quand il se resservit un shooter j’en fis de même, l’avalant d’une traite moi aussi. Il commençait de longues explication sur garagisteman et j’avais juste l’impression de le voir ramer pour rattraper sa connerie, ce qui me fit sourire un peu bêtement avec l’effet de l’herbe. Néanmoins son explication était déjà vachement plus flatteuse. « Ouais un peu comme Batman quoi. » Je me levais alors du lit toujours en rigolant avant d’aller vers la fenêtre mais je me retournais quand même un instant vers lui. « Attend, j’vais voir si y a le garage-signal d’allumé, peut-être que Gotham a besoin de moi ! » ça y est, je commençais à raconter de la merde. Mélange joint et alcool, c’était peut-être pas le plus indiqué, mais après tout j’avais l’alcool joyeux me disait-on. Peut-être que cela me rendait encore moins réfléchis que d’habitude, ce qui n’était déjà pas un mince exploit ! Je m’asseyais alors sur le rebord de la fenêtre pour le regarder et en l’entendant parler de dormir en cuillère dans mon lit je lâchais. « Beurk, j’ai envie de vomir. Tu crèches où tu veux mais t’approche pas de moi. » Imaginer mon frère dans mon lit … j’étais capable d’imaginer beaucoup de monde mais pas lui. De toute façon vu son état, je n’étais pas sur qu’il sente la différence entre mon lit et le tapis.

J’en avais presque oublier à quelle point sa réputation de Don Juan ne sortait pas de nul part. Il semblait tellement à l’aise avec tout ça. Moi aussi je sortais, j’enchaînais les coups d’un soir, mais malgré ce que je disais j’étais loin d’avoir son assurance pour en parler de la sorte. Il parlait des sentiments mais à vrai dire, je n’étais même pas sur d’en avoir déjà eu pour qui que ce soit. Moi ça m’allait très bien de coucher un soir et de ne plus jamais se revoir, je n’avais jamais ressenti ce besoin de réitérer ou quoi que ce soit de ce genre. Il utilisait des images chelou, parlant d’abeilles et tout ça, mais quand il parla de cage de but là j’avais compris ! « P’être que toi tu sers de cage de but mais pas moi. » Répondais-je du tac au tac. Ah ça, j’aimais bien aller droit au but y compris avec les mecs, mais l’inverse je m’y étais jusqu’alors toujours refusé comme si … ça touchait ma virilité ou quelque chose du genre. Est-ce que cela m’intriguait pourtant de savoir ce qu’on pouvoir ressentir par ce côté ? Oui clairement. Est-ce que j’étais prêt à me l’avouer à moi-même, sans doute pas encore.

On parlait toujours super-héros et rien que ça, c’était carrément chelou ! Comment on avait pu dériver sur une telle conversation ? Si on m’avait dit ça rien qu’il y a quelques heures j’aurais éclaté de rire tellement ça m’aurait semblé lunaire et impossible. Il continuait de me flatter de la sorte, moi qui n’avait visiblement rien capté à la base et je lâchais un sourire bête lorsqu’il me disait que c’était encore mieux que Batman car j’agissais à visage découvert. Ma blague prêt de la fenêtre avait eu le don de le faire rire en tout cas et je n’étais pas peu fier ! Je savais rarement comment m’y prendre, mais j’aimais apporter du bonheur aux gens. Et là, j’avais l’impression que j’y arrivais un peu avec Simon. Je regardais alors dehors lorsqu’il me demanda si le signal était allumé avant de reposer mon regard sur lui. « C’est vrai, tu veux vraiment passer la soirée avec moi ? » C’était sortit tout seul et m’en rendant compte, je tirais à nouveau sur mon joint. Moi aussi j’étais content, mais je n’étais pas le genre à dire ça. Sauf qu’avec le joint et l’alcool. J’essayais alors bien vite de changer le sujet. « C’est plus stylé Gotham, New York c’est franchement de la merde. » Moi je n’avais vu que cette ville toute ma vie et on ne peut pas vraiment dire qu’elle m’avait fait de cadeaux.

En tout cas lorsqu’il avait évoqué de dormir ensemble, ouais ça me dégoûtait un peu. C’était mon frère quoi. Moi je n’avais jamais fais ça à la maison, j’étais plutôt le genre à pas vraiment capter quand l’un de mes frangins avaient besoin de moi, plutôt solitaire dans mon coin à faire mes conneries et à obligés les autres à rattraper derrière moi. J’aimais ma famille, plus que tout, pour autant je n’étais pas très doué avec eux. Je l’écoutais parler, mais je tiquais à son explication. « Sien’ ? Tu voulais dire Sien’ nan? » Je planais peut-être un peu avec le joint et les shooters, mais j’étais sur d’avoir bien entendu quand même comment il avait trébuché sur le nom de Spencer. Puis je sais pas, il se comportait bizarrement, se ruant presque sur un nouveau shooter. « ça fait longtemps que j’ai pas pris de nouvelles, elle va comment ? » Lâchais-je simplement alors sans me douter que l’importance des faits.

Comment il faisait pour être aussi à l’aise avec tout ça ? Moi je n’avais vraiment pas de soucis à parler cul, enfin disons le cul normal. Ouais je sais coucher entre mecs c’est aussi du cul normal, mais tellement accepté différemment encore par la société. Genre ça fait vraiment pas viril de dire que tu t’es fais prendre par un mec quoi ? Au fond c’était ça le problème, toujours la recherche de cette foutue virilité, comme si un mec n’était défini que par ça. « Tant mieux pour toi. » lâchais-je simplement finalement. Ouais c’était cool de parler de tout ça avec lui quand même. Toujours aussi étrange, mais cool. D’ailleurs, ma question m’avait échappé. Moi qui n’était pas du genre à montrer mes sentiments, j’aurais du en avoir strictement rien à foutre que mon petit frère apprécie le fait de passer la soirée avec moi, sauf que ce n’était pas le cas. J’avais enfin un contact positif avec ma famille, comme si le temps d’une soirée nous avions fait un saut dans une réalité parallèle, dans cette réalité qui aurait du être permanente. Cela me refaisait un peu penser au reste de ma famille. Mon père en taule, ma mère pour qui je devrais être plus présent, jusqu’à mes plus jeunes frères et sœurs qu’au final je connaissais à peine. Sa réponse me faisait chaud au cœur. « Tu loupais pas grand-chose. » répondais-je alors qu’il disait que c’est la première fois qu’il venait chez moi, levant les yeux sur mon pitoyable studio. Bien sur qu’il ne parlait bien des murs mais du fait de découvrir mon chez moi, ma vie, mais je faisais semblant de ne pas vraiment comprendre. En tout cas, il est clair que nous étions en effet fautifs tous les deux. Et le reste de notre famille. Nous n’étions pas vraiment les champions pour prendre des nouvelles les uns des autres mais à ce niveau-là, j’étais vraiment le roi. Il me disait qu’il aimait New York lui, que c’était sympa selon ses mots. Je ne voyais vraiment pas pourquoi. Peut-être parce que j’étais buté de nature aussi, et que j’aurais pu vivre n’importe où ça n’aurait rien changé. Le Bronx représentait mes années scolaires galères, mon rêve de basketteur pro tué dans l’œuf car on ne le devient pas comme ça, il représentait aussi ce garage que j’aimais mais qui représentait plus à un taudis, ou encore mes heures en garde à vue même si New York tout entier en était témoin pour le coup et pas uniquement le Bronx.

J’avais en tout cas bien capté qu’il parlait de Sienna, ma petite sœur, et il me le confirmait alors qu’il s’était levé pour faire les cents pas. Ça aussi ça me mettait la puce à l’oreille. Il s’était arrêté devant le tiroir encore ouvert de ma commode. C’était quoi son problème au juste, il était vraiment bizarre. Je voulais bien entendre qu’il était complètement défoncé là mais quand même … Il avait plongé sa main dans le tiroir mais mon regard se fit plus sérieux et sévère. Je joins au coin des lèvres, je me levais, retirant ça main du tiroir que je fermais. Il détournait la conversation, ne voulait pas me répondre. Alors restant proche de lui et le regardant de ma hauteur, je lâchais très sobrement. « Simon. » Pas besoin de développer, le message était clair. Qu’il lâche ce putain de morceau maintenant car je savais qu’il me cachait quelque chose et j’étais déterminé à savoir quoi.

Moi, ce que je faisais, lui et sa vie. Il faisait son méa culpa sur les messages restés sans réponses. Et j’essayais de faire bonne figure, d’être enfin un peu un membre de cette famille, un grand frère qui plus est. Il avait fait un premier pas, alors je me décidais à en faire de même. « Et moi j’aurais du prendre de tes nouvelles, et pas uniquement pour que tu bosses pour moi ... » J’avais dis ça en baissant légèrement la tête, instinctivement. Si seulement ça pouvait me servir de leçon … Après ça, j’avais envie de passer à la maison, prendre des nouvelles du reste de ma famille, aller voir papa en taule, essayer de m’intéresser à eux, leur montrer que je tenais quand même à eux même si je n’étais pas doué pour le montrer.

Seulement voilà, la situation dans ce studio s’apprêtait à carrément dégénérer. Il était déjà bien assez défoncé pour ce soir. Je lui avais certes dis de se servir, que je lui faisais confiance, mais là j’avais comme un sale pressentiment. Il y avait quelque chose dans ses gestes, dans sa voix … il y avait quelque chose qu’il ne voulait pas me dire. Il commença à s’énerver sur moi et même s’il était mon petit frère, je n’étais pas vraiment le genre de garçon qui aime qu’on lui parle sur ce temps. « Oh tu commences par baisser d’un ton là ! » Bon le fait qu’il soit mon frère m’empêchais déjà de le cogner, c’était ça de gagné pour lui. Ce regard noir … j’avais pourtant envie de lui faire bouffer mais déjà il s’éloignait de moi. Il faisait quoi là, il voulait rester campé sur ses positions. Il croyait vraiment pouvoir faire ça avec moi ? J’étais prêt à gueuler un bon coup mais il me devança. Il commença alors à vider son sac et quand il évoqua le fait d’avoir merdé avec sa jumelle, Sien’ je commençais doucement à comprendre. Enfin, c’est ce que je croyais. Car en réalité, il n’en était qu’au tout début. Je me sentais me figer lorsqu’il prononça le mot viol. Quoi ? Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Et en plus quoi il venait vraiment de dire qu’elle avait été violée par sa faute ? La mon sang commença à bouillonner dans mes veines. On était peut-être pas très proches avec Sienna, mais elle était ma petite sœur malgré tout, mon sang. Il continuait son récit et je l’écoutais sans rien dire, sentant ma mâchoire serrée et prêt à exploser.

Quand il ferma enfin sa gueule, c’était pour mieux revenir ouvrir ce tiroir brutalement mais je le refermais de la même manière m’en fichant bien de lui faire mal. Sans prévenir, je l’attrapais alors par le col. « Tu te fou de ma gueule ou quoi ? Tu me balances ça comme ça ? Et tu crois que je vais te laisser te resservir dans ma came après ce que tu viens de balancer. Elle est où Sienna, comment ça elle a été violé par ta faute ?! Et t’as intérêt à me dire le putain de vérité sinon j’te casse la gueule ! » Je n’étais vraiment pas capable de le faire, mais Simon m’avait assez souvent vu rentrer la gueule fracassé pour savoir que je ne rechignais jamais à me battre quand il le fallait. J’étais en colère, et cette colère je la sentais continuer petit à petit. J’avais envie de retrouver cette enflure qui avait osé toucher à ma petite sœur, j’avais envie de lui fracasser la gueule, de la tuer s’il le fallait ! On ne touche pas à ma famille mais en plus de la pire des manière !

Ça pour ne pas savoir faire comme tout le monde ! L’environnement dans lequel nous avions grandit n’aidait sûrement pas ! Des parents pas tellement présents, noyés au milieu d’une famille nombreuse, dans un quartier pas des plus faciles … Il y a de quoi manquer de repères même une fois adultes. Néanmoins, c’était cool d’échanger ces mots. Est-ce que cela changerait véritablement quelque chose pour la suite, une fois que nous serions sobres, pas sur, mais le temps d’une soirée nous avions l’impression d’être de vrais frères et c’était agréable ! Sauf que forcément, ça ne pouvait pas durer. Comme si nous étions destinés a être malheureux, que nous n’avions pas le droit au bonheur. J’étais juste sidéré par ce qu’ils venait de me sortir et j’en avais laissé mon joint tomber par terre. Se rendait-il compte de l’information qu’il venait de me donner ? Je ne savais pas si c’était de la totale inconscience ou juste les effets de la drogue mais son putain de sourire sur son visage lorsque je l’avais attrapé par le col me donnait envie de le frapper. Mais je ne pouvais pas, c’était mon frère, malgré ce que je venais de lui dire. Il répondait alors au moins aussi violemment à mes propos. Il me traitait même de gros con et j’avais envie de le remettre à ça place ! Ça y est, l’alchimie entre les frères, c’était fini.

Seulement, il avait quand même à nouveau lâché une information importante. Ce qu’il entendait par le fait qu’elle ait été violée par sa faute, c’était de la laisser seule le temps de faire son affaire, et là dessus il n’était pas coupable. « Première chose, je t’interdis de me traiter à nouveau de gros con. » soufflais-je entre mes dents, retenant ma colère. Il me frappait le bras, il me provoquait. C’était quoi son putain de problème à lui là ! Mais finalement, je lâchais son col tout en le repoussant un peu plus loin de la commode. « T’avises même pas d’essayer d’ouvrir ce tiroir ! » Lâchais-je fermement en le pointant du doigts, toujours énervé par tout ça. C’est alors que je me mis à faire les cents pas dans l’appartement, sans doute pour laisser sortir un peu cette colère que j’essayais de canaliser en moi mais c’était plus fort que toute ma volonté, je voyais dans ma tête des scènes obscures incluant Sienna. « C’est pour ça que t’as commencé la came ? Pour oublier ça ? » J’avais besoin de réponses, mais aussi de tout remettre dans l’ordre. Ce qu’il venait de me lâcher, c’était une véritable bombe. Alors je continuais de marcher, les poings totalement crispés, le regardant par moment d’un regard noir, et j’espérais qu’il avait bien compris le message qu’il valait mieux pour lui répondre à mes questions s’il ne voulait pas me mettre encore plus en colère !