Épuisée, éreintée, fatiguée étaient les termes adéquats pour désigner mon état actuel après cette longe journée que je n'avais nullement vus passer. Ayant dormis qu'une petite poignée d'heure la vieille après avoir fait la fermeture d'un des bars dans lequel j'exerce mes talents naissants de mixologue, je m'étais levée très dès l'aurore pour rendre le plus rapidement visite à Clyde encore et toujours dans le coma. Les murs blanc, froids et sans vie des hôpitaux n'ont jamais vraiment été ma tasse de thé, sans doute à cause du traumatisme d'être morte née enfouie au plus profond de mon être dans les limbes d'un passé que je ne pouvais me remémorer. Néanmoins, j'avais pris sur moi. Changeant l'eau des vases dans lequel de nombreuses fleurs avec des messages de bon rétablissements étaient inscrit, refaisant soigneusement son lit, lui relatant les dernières péripéties des Skulls, le soutien mutuel entre notre meilleure amie commune et moi-même, l'espoir de le voir enfin ouvrir... J'ignorais si ce dernier m'entendait, néanmoins l'espoir me le faisait espérer.
« Son état est stationnaire, il n'y a aucunes améliorations ni dégradations nous ne pouvons donc pas dire avec certitude s'il se réveillera un jour ou non » les propos de son médecin m'avaient glacé le sang, le triste vérité s'ouvrait à moi. Et s'il nous quittait? Non, non, je ne le permettrais pas! J'ai déjà perdu tant de personnes auxquelles je tenais au cours de ma vie! Andreas, mes parents, Dean, Ana-María, Alejandro... A croire que j'étais maudite et que le diable s'amusait de ma souffrance, ou bien que le destin se révélait plus vengeur que je ne l'aurai pensé, me faisant payer pour mes nombreux péchés et refusant mes nombreuses pénitences. Chamboulée, j'avais tout bonnement pris la fuite de cet hôpital à en perdre haleine, courant pour oublier ma peine et ma calmer avant d'embaucher pour le service du midi dans ce restaurant asiatique en tant que serveuse toujours aussi bondé et emplis de personne ne connaissant nullement les bonnes manières. Enchaînant sans me plaindre les nombreuses heures de boulots tous aussi pénibles et sous-payés, je me devais de garder la tête froide et haute pour maintenir la tête hors de l'eau et éviter de me noyer sous les factures et dépenses du quotidien que j'étais à présent seule à gérer, ne voulant nullement ennuyé ma sœur de cœur et encore moins le gang avec les ennuis financiers qu'avaient entraîné l'état de Clyde. En parlant de ces derniers, je m'étais rendue au sein de notre quartier général dans l'ombre pour m'entraîner au tir. Michael avait jugé bon que je m'exerce au vus de mon niveau de novice, et même si je haïssais des tréfonds de mon âme ces engins de mort me rappelant sans cesse les nombreux deuils de ma vie, je m'exécutais sans rechigner. Bon, au vus de mes résultats sur la cible non mouvante, j'avais encore pas mal d'efforts à fournir pour pouvoir viser convenablement et atteindre tout simplement cette dernière. Après cela, je me rendis à la réunion plus qu'obligatoire orchestré par notre leader concernant les représailles à la suite de cette terrible nuit où deux d'entre nous avaient perdu la vie et où Clyde fut plongé dans un profond coma. Faisant acte de présence sans pour autant m'exprimer, laissant les Skulls plus expérimentés et endurcis prendre la parole et proposer de nombreuses embuscades. Durant de nombreuses heures semblant interminables, je fus surprise de constater que la nuit s'était déjà emparé du ciel new-yorkais lorsque je quittais le quartier général. Prenant la direction du quartier de Brooklyn à pieds pour passer la semaine aux côtés de ma meilleure amie, l'air frais me faisaient un bien fou, me permettant d'ailleurs de me détendre et penser à autre choses que tous ces soucis, ses doutes et hésitations m'assaillant de toute part. Arrivée au pied de l'immeuble, je fus surprise de constater que la lumière du studio de la blonde était éteinte. Elle ne pouvait pas dormir ça c'est certain, étant le genre de personne à trouver plus facilement l'inspiration pour ses prochaines photographies la nuit, vivant à contre courant des autres. Sans doute absente, il est certain qu'elle ne tarderait nullement à entrer. Montant les étages, une fois devant la porte d'entrée je me mise à fouiller mes poches. Nada. Mon sac. Nada. De nouveaux les poches de ma veste en cuir. Nada.
« ¡Qué estúpido puedo ser! » maugréais-je en constatant que j'avais sans nul doute oublier le double des clés dans mon propre appartement dans le Queens. Soufflant d'exaspération, je sortis mon portable prépayé pour tenter de contacter ma meilleure amie qui rirait sans le moindre doute de mon oubli. Batterie à plat, impossible de l'allumer. Le jetant à terre d'énervement, le modèle étant plus qu'archaïque il résistait au moindre impact tel du béton armé, je me laissais glissé le long de sa porte avant que mes fesses touche le sol du couloir. Trop fatiguée pour faire l'aller et retour jusque dans le Queens, j'espérais juste qu'elle ne mettrait pas trop de temps à rentrer pour que je puisse enfin remplir mon estomac criant famine et me reposer de cette journée qui ne semblait nullement vouloir se terminer.