Métier : Étudiante Orientation : Hétérosexuelle Age : 24 Messages : 771 Points : 10 Date d'inscription : 25/07/2020
Sujet: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Sam 20 Nov 2021 - 1:45
»»» Le chat sort du sac «««
avec Andrew Stewart & Emily Stewart
Il y a de ces moments qui arrivent sans prévenir, nous prennent complètement par surprise et nous font nous sentir complètement impuissant, sans le moindre contrôle sur notre vie. Je suis l’une de ces personnes qui a vécu un grand nombre de ces moments. Parfois, c’est assez facile de se laisser aller, lâcher prise sans avoir le moindre remord à la fin. En revanche, ce n’est pas souvent que ça arrive. Il y a plus d’un an déjà, un moment du genre est arrivé. J’étais assise au poste de police où mon père travaille attendant qu’il finisse de travailler au rez-de-chaussée pour ne pas le déranger. Cette femme m’a approché, une blonde, lieutenant sous les ordres de mon père. Nous avons discuté elle et moi, je me suis confiée sans trop réfléchir, puis la nouvelle m’est tombée sur la tête comme une tuile du plafond : cette femme était ma mère biologique.
J’ai été horrible avec elle, je lui ai manqué de respect, l’ai accusé de m’avoir suivi, espionnée, et je suis partie. J’ai gardé cela pour moi parce que je refusais de reconnaître cette femme comme étant ma mère. Quelle mère abandonne son enfant après tout ? La mienne, celle qui m’a adopté, l’avait fait aussi en se saoulant tous les jours, malgré son trouble de personnalité limite. Elle buvait tellement qu’elle s’en est empoisonnée et en est morte. Certains disent même qu’elle l’a fait parce qu’elle voulait se débarrasser de moi. L’idée d’avoir à nouveau une mère m’était impensable, même aujourd’hui. Non, je ne voulais rien dire à mon père parce que nous étions bien, juste lui et moi.
Et pourtant…
Depuis plus d’un an, ce secret me dévore. À force de réfléchir, je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai réellement peur d’en parler à mon père mais à chaque fois que j’y pense j’ai toujours un peu plus l’impression de le trahir. L’une des lieutenants sous ses ordres, une femme qu’il voit tous les jours au travail, est la femme qui a mis au monde sa fille qu’il a adoptée. C’est complètement dingue. Et c’est trop parfait pour être une coïncidence à mon avis, même si Laura m’a promis maintes fois que c’était le cas. Me voilà donc à la maison, seule dans la cuisine en train de préparer deux chocolats chauds. Je me souviens quand j’étais petite, papa m’en préparait pour ouvrir la discussion entre nous, comme pour m'amadouer à chaque fois. Il faut dire que je n'ai jamais été très ouverte à discuter de mes émotions, encore moins durant l'adolescence... Ça a depuis toujours été notre façon bien à nous de se faire signe que nous voulions discuter.
Les deux chocolats chauds prêts, je vais rejoindre mon père dans la pièce où il se trouve et je lui souris légèrement. Je dépose sa tasse devant lui, lui donnant quelques secondes pour comprendre mon geste avant d’ouvrir la bouche. « Je peux t’embêter un moment ? » Je suis nerveuse. Je m'assois donc pour être plus confortable, mes deux mains autour de ma tasse chaude. « J'aimerais discuter d'un truc avec toi. »
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Dim 28 Nov 2021 - 7:41
Il n’y avait rien de plus satisfaisant que l’odeur d’un livre neuf. Cette sensation qu’offrait le papier tandis qu’aucune page n’avait encore été écornée par le temps ni l’Homme. Il y avait aussi une grande satisfaction à lire les mots imprimés sur la surface blanche, en ayant le sentiment d’être le premier à les lire. J’avais ainsi laissé mon esprit s’échapper dans les steppes de Mongolie au travers des pages d’un livre qui avait pour titre « le totem du loup ». Un dépaysement garanti à une époque qui je n’avais pas connu. J’avais déjà lu plusieurs chapitres dont certains m’avaient subjugué dans leur façon d’être raconté. Loin du béton de New York, la nature semblait prendre vie en s’incarnant dans une nature abrupte que l’humain ne pouvait dompter. Dans le confort de la ville, on oubliait que les lois des Hommes n’étaient qu’une invention sociale, une norme. La nature avait d’autres lois que personne ne pouvait surpasser, on ne pouvait pas tricher avec la vie car elle finissait toujours par reprendre ce qu’elle nous avait donné. Notre passage sur terre n’était que temporaire.
Le bruit d’une tasse sur la surface en bois du guéridon, à côté du fauteuil dans lequel je m’étais installé, vint me faire sortir de ma lecture. Je me reconnectais soudainement à la réalité comme après un sommeil. C’était une bien étrange sensation à chaque fois, mon esprit était réellement parti ailleurs. Mes yeux se posèrent alors sur la tasse de chocolat chaud avant de s’intéresser à la personne qui me l’avait apporté. Là je vis Emily qui avait pris place dans l’autre fauteuil que comptait l’espace salon. Un sourire se dessina sur mon visage avant que le son de sa voix ne s’élève.
- Je t’écoute, dis-moi ce que tu as à l’esprit et sur le cœur.
Il me semblait que cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu ce genre de conversation. Nous ne faisions pas parti de ces personnes qui parlaient à cœur ouvert si facilement, moi-même parce que je n’en éprouvais pas forcément le besoin et Emily parce qu’elle avait un caractère plutôt dur envers elle-même et les sentiments qu’elle pouvait avoir. Elle était encore jeune, avec le temps elle apprendrait à s’ouvrir davantage. Sans doute comprendrait-elle que le dialogue était la clé pour résoudre bien des problèmes. Je ne pouvais pas juger ma fille, lui imposer ma vision des choses, elle devait se construire en tant qu’adulte et elle seule pouvait le faire avec les années et les expériences. Je ne pouvais que lui offrir mon oreille et mon esprit en tâchant de ne porter aucun jugement sur ce qu’elle aurait à me dire, à me confier.
Je fermais ainsi le livre pour le poser sur le guéridon pour pouvoir prendre la tasse de chocolat chaud qui m’avait été préparer. C’était parfait pour cette saison qui s’annonçait froide et humide cette année.
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Mer 1 Déc 2021 - 19:31
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Papa est en train de lire quand j’entre dans le salon. Heureusement, il n’est pas occupé. Je m’en serais un peu voulu de le déranger sachant qu’après lui avoir parlé, il aura sans doute besoin de temps pour réfléchir. Du moins… Enfin, je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre de cette conversation. La seule chose que je sais, c’est qu’il ne verra sans doute plus Laura, son employée, de la même façon. Si ça se trouve, il ne croira pas lui non plus que le fait qu’elle travaille pour lui soit le fruit du hasard. On dit qu’il fait bien les choses, mais pas à ce point. N’est-ce pas ? Je dépose donc la tasse sur le guéridon à côté de mon père et le regarde, lui disant qu’il faut qu’on parle.
Je m’installe dans l’autre fauteuil du salon et trempe mes lèvres dans ma tasse de chocolat. Le liquide chaud me brûle un peu la langue, mais pas assez pour que je ne puisse pas profiter du goût réconfortant du chocolat. Et puis tenir ma tasse entre mes deux mains m’aide à canaliser un peu ma nervosité. Si j’étais assise devant quelqu’un d’autre, j’aurais sans doute pu cacher le stress que je ressens, mais pas à lui. Pas à mon père. Il est la seule personne au monde, en dehors de Jacob, qui puisse me lire avec facilité. Il est comme ça mon père. On ne lui en passe pas facilement.
Le regard légèrement baissé, je relève les yeux pour croiser ceux de mon père. Il me demande de lui dire ce que j’ai sur le cœur, à l’esprit, et je hoche faiblement la tête. J’inspire profondément puis trempe à nouveau mes lèvres dans mon chocolat, comme pour gagner du temps. Je dépose ensuite ma tasse sinon je n’arriverai jamais à dire un seul mot. Une fois la tasse posée sur la table basse, je me redresse et appuie mon dos contre le dossier. Je monte les genoux et pose mes pieds sur le fauteuil, comme pour être confortable. Pourtant, inconsciemment, je croise les bras et donne plutôt l’impression de me protéger. Mon père me connait, je ne parle pas facilement. M’ouvrir le cœur a toujours été difficile auparavant. J’ai peur. Je crains qu’il croie que je l’ai trahi, pour une raison quelconque. Or, c’est complètement faux. Je n’ai pas demandé à rencontrer ma mère biologique. Je ne l’ai jamais recherchée. Je n’ai jamais lancé de procédures pour retrouver mes parents biologiques. Selon moi, la seule personne au monde qui mérite le titre de parent c’est bien mon père, celui assis dans cette pièce avec moi. Il est après tout le seul au monde à ne m’avoir jamais abandonnée.
« Hum… Je… » Je ne sais pas par où commencer. J’ai réfléchit à cette conversation des milliers de fois et comme si je n’avais pas assez répéter dans ma tête, j’ai un blanc de mémoire. Je ne sais plus comment j’avais prévu amener le sujet. J’inspire donc profondément. « Déjà, sache que j’ai rien fait. J’ai rien demandé et c’était pas du tout prévu. » Juste dire ça me donne l’air coupable. Il a déjà probablement entendu ça des milliers de fois de la part des gens qu’il a pu interroger… « Ce que je veux dire c’est que… faut pas croire que j’ai fait quoi que ce soit dans ton dos… J’ai juste rien dit jusqu’ici parce que j’avais peur de ta réaction. » Je m’énerve moi-même à tourner autour du pot. À repenser à mes mots, je réalise que je viens de lui dire que je lui cache un truc depuis longtemps. Ça fait plus d'un an, alors oui, ça fait longtemps...
« J’ai rencontré ma génitrice » je dis sans retenue. Je n'utilise pas le mot mère parce que je n'aime plus ce mot depuis que ma mère adoptive m'a tourné le dos en agissant comme une alcoolique égoïste et complètement dingue. Il fallait que ça sorte d’un coup sinon j’aurais continué à parler sans trop savoir quoi dire et à la longue, je me serais énervée contre moi-même et j’aurais abandonné l’idée de lui dire. Puis je me serais énervée encore plus à ne pas lui avoir dit, sachant qu’il se serait probablement inquiété et puis… je m’essouffle à penser à tout ça.
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Mer 29 Déc 2021 - 15:07
Les premiers mots de ma fille me laissèrent dubitatif mais il me fallait davantage d’informations pour comprendre ce qui était entrain de se tramer. Aussi ne dis-je moi pour laisser Emily s’exprimer le plus librement possible. De toute façon elle le savait, j’avais un don pour sentir les menteurs. Le choix de chaque mot avait son importance pour amener un discours cohérent et crédible, je me devais d’entendre tout sans créer la moindre interruption. Je m’étais contenté de pencher légèrement la tête sur le côté pour signifier qu’elle avait toute mon attention. Plus elle parlait et plus j’étais intrigué par ce qu’elle avait à me dire. Je voyais Emily qui cherchait à avancer sans parvenir à trouver la bonne approche. Finalement elle parvint à le faire d’une façon à la fois abrupte et sans détour.
Elle avait rencontré sa mère biologique ? Ma curiosité naturelle me poussait à vouloir demander les détails, à comprendre comment cela c’était passé, dans quelles circonstances. Mais à en juger par l’état émotionnel dans lequel Emily se trouvait actuellement. Si elle avait craint ma réaction, c’était la sienne qui m’importait le plus. Bien sûr j’avais envie de savoir, c’était humain, ce n’était toutefois pas la priorité pour le moment.
- Tu comptes la revoir ? demandais-je sur un ton calme. Du moins, est-ce que tu en as envie ? Qu’est-ce que tu penses de cette situation ?
Après tout c’était elle qui avait fait la rencontre, pas moi. Qu’avait-elle sur le cœur qu’elle acceptait de me partager ? Il fallait procéder par étape, y aller en douceur pour garder les idées claires et ne surtout pas foncer tête baissée. Je voulais qu’Emily comprenne qu’il était nécessaire de se donner le temps de réfléchir, de ne pas agir sur un coup de tête, pas dans ce genre de situation. Après tout c’était une avancée non-négligeable dans sa vie, cette épreuve devait la forger en tant qu’adulte en devenir. J’étais fière d’elle, qu’elle arrive à se confier même si en l’occurrence elle gardait ce secret depuis un bout de temps maintenant. Quelle importance ? Chaque chose en son temps, il ne fallait jamais se précipiter, tout finissait par arriver au moment opportun. Aujourd’hui en était un apparemment.
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Lun 3 Jan 2022 - 19:09
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Je suis assise sur l’autre canapé du salon et j’avoue enfin à mon père ce qui me travaille depuis maintenant un an. Je lui déballe en une phrase, courte et simple, que j’ai rencontré ma génitrice et alors j’essaie de lire dans son visage. Je pense lire de la surprise, peut-être, mais j’ignore si j’y vois de l’inquiétude ou si c’est autre chose. Mon père est beaucoup trop mystérieux. Je ne tiens pas ça de lui en tout cas. Ou peut-être que si en fait. Envers les autres, je protège mes sentiments en étant froide et en ne faisant que rarement confiance. Sans être froid, peut-être qu’il cache ses véritables sentiments lui aussi. Peut-être qu’il veut juste m’épargner.
Sa première question me surprend, étonnamment. Son ton est peut-être calme, je ne peux pourtant pas m’empêcher de me demander s’il est vraiment inquiet que je décide de la revoir. J’aurais voulu le rassurer en lui disant que non, mais le problème c’est que je l’ai revue… une fois… Il reformule alors sa question et alors je ne sais pas quoi répondre. J’ai juste envie d’éclater en sanglot mais je fais absolument le contraire. J’essaie de me durcir et devenir de marbre. Pourtant, je sais que ça ne va pas durer longtemps. « Je l’ai revue une fois… par accident. Du moins je crois… » Je baisse les yeux, incapable de maintenir cette façade. Pas devant lui. De toute façon, même si j’y arrivais, il saurait immédiatement que je fais juste cacher mes réelles émotions.
« En fait… Je sais pas si j’en ai envie… » J’inspire profondément alors et dépose ma tasse sur la table basse. Les bras croisés, je frotte mes bras un peu pour me réchauffer, ou pour me réconforter. « C’est compliqué… Je… » Je secoue la tête comme pour me remettre les idées en place, en vain. Je regarde devant moi comme si je n’osais pas regarder l’homme qui m’a élevé, comme si j’avais peur de voir une émotion négative sur son visage. « J’en ai toujours voulu à cette femme tu sais… Elle a été la première parmi des tas d’autres à m’avoir abandonnée. Je la déteste. Mais… » Je déteste me sentir aussi vulnérable. Je ne m’accorde jamais le droit d’être faible. Pleurer, ça ne ressemble pas à Emily Stewart, alors je ravale les larmes qui veulent se pointer dans mes yeux et regarde mon père. « C’est comme si sa présence me rappelait sans cesse le fait qu’elle m’a abandonné. C’est comme si des souvenirs que je n’ai jamais eu essayaient de me revenir… » J’avale difficilement ma salive puis baisse les yeux. « C’est comme si elle me rappelait que j’ai eu une mère mais qu’elle aussi s’est retournée contre moi et m’a volé une partie de ma vie. » Je lui en veux. J’ai envie de l’envoyer chier, carrément. Je baisse les yeux et inspire à nouveau profondément. Rester forte surtout. Ne pas montrer le moindre signe de faiblesse.
« Mais y a pas que ça… » Je joins mes deux mains ensembles et commence à jouer avec mes doigts comme pour me détendre. Je ne peux pas non plus garder secret le fait qu’elle travaille pour lui. C’est le truc le plus louche de cette histoire et il se doit de le savoir. Je serais hypocrite de lui cacher une chose pareille. « Je l’ai rencontrée au poste. Je revenais de mon entrainement au 2nd Chance et au lieu de faire le trajet du Bronx jusqu’à Brooklyn, je suis venue t’attendre dans ton district. Et c’est là qu’elle est venue me parler… » Je repose les yeux sur mon père. « Papa, elle travaille pour toi. Elle est lieutenant. » J’inspire et me laisse tomber le dos contre le dossier. « Je l’ai accusée d’avoir trouvé un poste sous tes ordres pour m’espionner et je suis partie sans t’attendre finalement… Elle m’a dit que ce n’était pas le cas et qu’elle ignorait que tu étais mon père, mais… » Je soupire, regardant le plafond. Mon regard est devenu froid, sans émotion. « J’arrive pas à me sortir de la tête que même le hasard peut pas faire les choses aussi bien. » Je regarde mon père alors. « À cause de ça, je me faisais renvoyée de l’université la semaine après. » Voilà. Je ne lui avais pas dit quand ça avait eu lieu mais maintenant il sait que ça fait plus d’un an que je lui cache un truc pareil. Certes, j'ai été renvoyée de l'université parce que je me suis battue, mais c'était parce qu'on m'insultait au sujet de ma mère. Le stress de cette rencontre a énormément joué dans cette histoire.
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Lun 17 Jan 2022 - 13:27
Emily était pour moi comme un livre ouvert. Un livre à l’écriture parfois complexe, pleine de paradoxes, mais j’avais appris et j’apprenais encore à en déchiffrer les moindres pages. Jamais pourtant, elle ne m’avait paru être une énigme insoluble. La beauté se trouvait dans les détails pour celui qui prenait le temps d’en admirer toute la complexité. En cet instant je pouvais observer avec bienveillance ce qui faisait l’essence rebelle de ma fille. Elle faisait face à ce dilemme qui courrait sous la surface de sa vie depuis qu’elle avait eu conscience de son adoption. Qu’était un père et une mère ? Quelle importance pouvait-on accorder au sang ? Qu’est-ce qui nous donnait une identité ? Qu’est-ce qui nous définissait dans le fond ? Tout cela Emily était entrain de l’expérimenté en cet instant. Et moi ? Quel était mon rôle de père ? Eduquer, protéger, guider peut-être aussi. Je n’avais pas toutes les réponses à ses questions, mais j’étais sûr d’une chose, je connaissais ma fille.
Dans le fond, je comprenais qu’elle avait toujours souffert de cette idée d’avoir été abandonné. C’était un traumatisme qui la suivait alors même qu’elle cherchait à le fuir, à le refouler. La colère, cette rébellion apparente comme si elle se fichait de tout et de tout le monde, tout cela n’était qu’une façade. Devant moi j’avais une petite fille qui tentait de comprendre, de chercher ses mots pour analyser une situation qu’elle avait du mal à gérer. C’était normal. Il m’était difficile de voir mon enfant en prise avec ses émotions.
Mon sourcil s’était arqué lorsqu’elle m’avoua que sa mère biologique travaillait sous mes ordres. En effet le hasard, ou peut-être devrai-je dire le destin, faisant le chose étrangement. Peut-être était-il temps de faire face à ce qu’elle avait toujours tenté d’enfouir ? Peut-être n’était-ce pas si mal finalement. J’analysais la situation pour en tirer une vision d’ensemble.
- Je vois, répondis-je dans un premier temps avant de porter ma tasse de chocolat chaud aux lèvres.
Je laissais le silence s’installer pour inviter Emily à prend son temps et réfléchir à tout ce qu’elle venait de me dire. Pour ma part je continuais à retourner la situation dans tous les sens avant de pouvoir en tirer la moindre conclusion et rendre mon verdict. Peut-être cela ne dura-t-il que quelques secondes ou quelques minutes avant que des mots ne s’élèvent à nouveau de ma bouche.
- Tu sais, finalement ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose, dis-je. C’est peut-être l’occasion pour toi de résoudre tout ça, de pouvoir passer à autre chose et de lâcher enfin prise. D’apprendre la résilience.
Il aurait fallu être fou ou aveugle pour ne pas voir à quel point Emily était miner par tout cela, quand bien même elle tentait de le cacher au reste du monde. Mais pas à moi, je connaissais chaque mimique, chaque regard qu’elle pouvait lancer quand elle était heureuse, triste ou en colère.
- Il faut du courage pour pouvoir affronter les autres, il en faut encore plus pour affronter ses propres démons. Tu ne pourras pas toujours vivre avec le fait que ta mère biologique t’ait abandonné un jour, ça ne doit pas faire de toi qui tu es. Ton identité n’est pas limitée à un seul fait, tu dois la construire au fur et à mesure des épreuves qui se présentent à toi. Aujourd’hui tu es jeune, tu as la vie devant toi, mais ne la gâche pas en ressassant le passé et les erreurs des autres. A vivre toujours un pied dans le passé, on finit par tourner le dos à tout ce que l’avenir nous offre. Tu passeras à côté d’amitiés formidables, de rencontres incroyables ou encore de découvertes merveilleuses. Pense bien à ça Emily.
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Ven 4 Mar 2022 - 13:46
Le chat sort du sac
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Je vois… C’est tout ce qu’il trouve à dire ? Dans ma tête, c’est la panique totale. J’ai envie d’éclater en sanglot, de lancer des objets, de cogner des gueules, de boire jusqu’à m’en saouler et pourquoi pas même aller coucher avec Zane après pour oublier que je déteste la vie ! Et lui, il est calme. Il boit son chocolat chaud comme si de rien état. Mon père en fait, c’est un robot. Je reprends ma tasse et boit aussi, comme si je m’attendais à ce que la chaleur de ma boisson me réchauffe de l’intérieur. Parce que oui, je commence à avoir froid à cause des émotions. Les pensées se bousculent dans ma tête pendant un moment avant qu’il daigne finalement prendre la parole. Je m’en doute, il réfléchissait à tout ce que je venais de lui dire. Je lui en ai révélé beaucoup. Je m’attendais à ce qu’il réagisse un peu sur le fait que ça fait plus d’un an que je lui cache tout ça, ou sur le fait que ma génitrice travaille sous ses ordres, mais rien.
Il me dit à la place que ce n’est pas une mauvaise chose que Laura soit apparue dans ma vie. D’ailleurs, je réalise que je ne lui ai même pas dit le nom du lieutenant qui est ma mère. Il ne me le demande pas non plus. Peut-être ne veut-il pas le savoir ? Non. Ça c’est impossible. Je ne le vois pas ne pas vouloir savoir. Ce serait comme si ça ne l’intéressait pas et ça, ce serait trop difficile à avaler pour moi. Mon père s’intéresse à ma vie. Parfois, j’ai même l’impression qu’il s’intéresse à la vie des autres plus qu’à la sienne. Après tout, il passe son temps à travailler pour résoudre des enquêtes avec ses lieutenants ou à s’intéresser à ma vie, ce que je fais, ce que je vis, plutôt que de prendre du temps pour lui. C’est quand la dernière fois qu’il a fréquenté une femme, non seulement ?
J’ai alors des frissons d’horreurs. Je n’ai pas envie de partager mon père. Je n’ai pas envie qu’une autre femme entre dans nos vies pour venir les détruire encore une fois. Je ne veux plus jamais qu’on soit vulnérable tous les deux. Ça a déjà été difficile avec son ex-femme alors le voir dans un tel état à nouveau me tuerait. Mais j’arrête d’y penser quand il reprend. Affronter les autres, c’est vrai que c’est facile. M’affronter moi-même par contre je n’ai jamais réussi à le faire. J’ai du mal à me mettre en perspective, à faire attention à mes propres émotions, à les vivre. Je ne veux pas les vivre sauf si elles me font du bien. Le reste, j’aime bien quand il est enfoui. Ça ne fait pas mal dans ce cas.
Il me parle de mon identité, cette chose que je n’ai jamais vraiment réussi à trouver complètement. C’est bien facile de dire que je ne dois pas laisser mon passé définir ce que je suis, mais si j’ignore d’où je viens, comment pourrais-je connaître ma propre personne ? J’écoute attentivement chacun des mots de mon père. Je sais qu’il veut mon bien et que ses conseils sont précieux et oui, je vais réfléchir à tout ce qu’il me dit, mais pour l’instant, j’ai peur. J’ai l’impression d’être une gamine qui ne sais pas quoi faire. Admettre ça, pour moi, c’est si difficile que j’en ai les larmes aux yeux. Je prends un moment à contempler le silence, prenant une gorgée à nouveau, doucement. Je redépose ensuite ma tasse et me recroqueville sur moi-même dans le canapé. « Laura Harris… C’est ça son nom… si jamais ça t’intéresse. »
J’inspire profondément en fermant les yeux. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas pourquoi j’ai si peur. Je suis en sécurité là pourtant. Je suis face à mon héros, l’homme de ma vie, mon père. Peut-être lui dire ce qu’elle m’a dit l’aidera davantage à m’éclairer. « Elle a dit qu’elle avait 15 ans quand elle m’a eu, et que ce sont ses parents qui l’ont obligés à me mettre en adoption… À 15 ans c’est dingue… J’avais 15 ans quand toi et ton ex-femme vous divorciez… » Ça fait déjà longtemps que je n’appelle plus cette femme "maman". Elle a perdu le droit de l’être quand elle a commencé à être horrible avec nous, et encore plus envers moi. Elle m’a dit des choses que seul Jacob est au courant. Même mon père ne le sait pas. Il faut dire qu’à l’époque, quand il est parti à New York sans moi, on ne se parlait pas beaucoup… « Elle a dit qu’elle avait voulu me récupérer une fois majeure, mais elle ne l’a pas fait parce qu’elle croyait que j’avais déjà été adoptée. Alors que j’avais trois ans. Elle a dit qu’elle m’avait cherchée. C’est pour ça que j’ai trouvé ça bizarre qu’elle travaille pour toi… » Avec ma manche, je viens essuyer la seule larme qui me désobéit en coulant sur ma joue. « Elle aussi dit qu’elle n’avait pas l’intention de se mettre entre toi et moi. » Ce sont toutes des informations que je veux qu’il sache. Oui, j’ai de la réflexion à faire, mais là maintenant, j’ai trop peur de les faire. Je ne sais même pas si je suis prête à avoir ces réflexions. Mon état ne fait que se dégrader depuis que je sais qu’elle est là, soit depuis plus d’un an. Je bois souvent, et beaucoup, je rentre tard, je passe du temps avec des potes, surtout Zane avec qui je m’envoie en l’air sans que ça veuille dire quoi que ce soit, j’ai même été renvoyée de l’université… Ma vie est un gros bordel et pourtant, je n’ai pas l’impression qu’elle l’était avant… elle…
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Dernière édition par Emily Stewart le Lun 16 Mai 2022 - 19:55, édité 1 fois
Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Lun 9 Mai 2022 - 14:14
S’il fallait en tirer une seule conclusion de toute cette histoire, elle était la suivante : le monde était petit, très petit. A l’évocation du nom de la Lieutenant Harris, j’eu un léger hochement de tête. Non pas pour signifier que j’avais compris ça depuis longtemps, mais bel et bien pour inviter Emily à poursuivre. La vie n’était curieuse n’est-ce pas ? Y avait-il un dessein, une volonté cachée de tous nous réunir alors même que la terre était bien plus vaste que ne pouvait le concevoir l’esprit humain ? J’étais toujours fasciné par ce genre de hasard.
Elle continuait de parler tandis qu’il y avait une tempête sous son crâne. Je voyais les larmes dans ses yeux, des larmes que la fierté lui interdisait de laisser couler. Un jour elle se ferait dévorer par sa colère et sa peur, j’en avais le cœur brisé rien qu’à l’idée d’y penser. Il n’y avait rien de plus difficile que de voir son enfant souffrir sans rien pouvoir y faire. Elle n’était peut-être pas de mon sang, mais je sentais sa douleur comme si elle était mienne. Le choix de ses mots étaient aussi un très bon indice quant à son état d’esprit. Je sentais également sa perplexité face aux aveux de sa mère biologique. La vraie question qu’elle devait se poser était sans doute la suite : si elle l’avait réellement cherché, elle l’aurait trouver. Lorsque le sentiment d’abandon était déjà consumé depuis longtemps, il était difficile de croire qu’un parent ait voulu nous retrouver sans y parvenir. On disait souvent que l’Amour était capable de donner la force de retourner le monde. Quand était-il de l’Amour maternel ? D’aucun disait que c’était une force de la nature qui était donnée aux mères pour protéger leurs enfants. Alors pourquoi le Lieutenant Harris n’était-elle par parvenue à retrouver Emily ? Beaucoup de réponses en réalité, mais des réponses que Emily n’avait pas envie d’entendre et de comprendre. Derrière ces larmes et cette colère s’étendait le royaume de la peur et de l’incertitude.
Je tendis une main pour la poser sur l’avant-bras de ma fille, je resserrais légèrement l’étreinte de mes doigts pour lui faire sentir que j’étais là. Je l’observais avec attention comme si j’espérais déceler un indice. Mais je ne cherchais rien d’autre qu’à lui montrer que j’étais à ses côtés quoi qu’il arrive, quoi qu’elle fasse.
- Et toi dans tout cas, qu’est-ce que tu veux ? A quoi ton cœur aspire ? demandais-je en lui caressant affectueusement le bras pour continuer de lui offrir une présence rassurante. Et surtout… de quoi as-tu peur ?
J’avais sur elle un regard doux et bienveillant, cherchant à lui transmettre un peu de mon calme et de ma tranquillité pour l’apaiser. Il fallait poser les bonnes questions pour l’empêcher de sombrer toujours un peu plus. Je devais la maintenir à flot pour ne pas la perdre dans les méandres de son esprit. J’aimais ma fille plus que tout au monde, mais je savais aussi qu’elle était sa pire ennemie.
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Mar 14 Juin 2022 - 22:43
Le chat sort du sac
avec Andrew Stewart & Emily Stewart
Est-ce que j’ai vraiment le droit de la blâmer pour le bordel qu’est devenu ma vie ? Certes, j’ai commencé à me dégrader depuis son arrivée dans ma vie, mais est-ce qu’elle ne serait pas juste une excuse ? Peut-être. Peut-être que je suis injuste en l’accusant. Peut-être que je suis injuste en lui en voulant, mais d’un autre côté, son apparition dans ma vie a apporté tellement de questions que je ne me posais pas avant. À l’époque c’était simple. Elle m’avait abandonné et point barre. Je ne voulais rien savoir d’elle, ou de son ex, ou de ses parents, ou du comment du pourquoi. Avant, il n’y avait que l’abandon et ça n’allait pas plus loin. Maintenant… Maintenant, ça va trop loin. Maintenant, ça fait trop mal. Et c’est plus facile de la détester. Et mon problème, c’est que je le sais.
Je déballe tout à mon père. Il est là à m’écouter comme un être humain parfait. Est-ce que ça m’énerve ? Un peu. Pas parce qu’il l’est, mais parce qu’à côté de lui, je me sens minable. Je ne serai jamais un être humain parfait comme lui. Et il est mon idole pour ça. J’aurais aimé être réellement sa fille, de sang. Peut-être que comme ça je lui aurais davantage ressemblé. Mais il n’y aura jamais deux êtres parfaits comme Andrew Stewart. Au moins, j’aurai eu la chance de l’avoir dans ma vie. Et égoïstement, je ne veux le partager avec personne. Je détesterai toutes les femmes qui pourraient lui faire du charme. Parce que je suis certaine qu’il y en a. Sinon, je les déteste quand même parce qu’elles sont stupides, voilà.
J’inspire profondément en entendant sa question. Qu’est-ce que je veux ? Un soupire et il peut déjà comprendre que cette question me pose un problème. « Je sais pas. » Il me demande de quoi j’ai peur et alors je baisse les yeux. Mes jambes sur le canapé, je pose mon menton sur mes genoux et joue avec mes doigts en faisant une moue. « De l’abandon. » Aïe. Juste dire ce mot est douloureux et difficile. Avouer qu’on a peur, c’est déjà gros, surtout quand on a beaucoup d’égo comme moi. Avouer que j’ai peur d’être abandonné, c’est encore pire. Des larmes se forment dans mes yeux à nouveau et j’ai juste envie d’aller au Rising Sun et m’enfiler plusieurs verres, juste pour oublier, ou pour engourdir la douleur. « Ça a toujours été ça ma peur. Mais là… » Ma gorge se serre et je lève les yeux vers le haut pour essayer de retenir mes larmes, pour qu’elles restent dans mes yeux. « C’est une chose d’avoir peur de l’abandon, mais c’en est une autre d’y faire face. Après tout, c’est à cause d’elle que j’ai eu cette peur-là toute ma vie. D’un certain côté, c’est tant mieux parce que je t’ai eu toi comme père et j’aurais pas voulu d’un autre père dans ma vie. Mais de l’autre… » Je ne finis pas ma phrase. J’ai trop mal. Si je la finis mes larmes vont couler de toute façon. Alors j’inspire profondément et me calme, calme ma respiration. Quand j’ai repris le contrôle, je reprends. « En même temps, je lui en veux d’être apparue comme ça dans ma vie. Elle a apporté des tas de questionnement avec elle et j’en voulais pas de ça moi. Je t’avais toi et c’était suffisant ! » Mince, mes larmes reviennent, et cette fois je n’arrivent pas à les garder. « Et puis d’abord, je fais comment pour savoir si elle ment ou pas ? Elle m’a laissé tomber, alors je vois pas pourquoi je lui accorderais rien qu’une minute de ma vie ! » Je dis tout ça parce que je veux être en colère, mais la réalité c’est que je suis triste. Ma voix se brise dans un sanglot que j’ai essayé de retenir. Je cache alors mon visage en entourant ma tête de mes bras, posant mon front sur mes genoux, toujours recroquevillée dans le canapé en face du fauteuil de mon père.
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You won't believe half the things I see inside my head. Wait until you see half the things that haven't happened yet. Because I can see you waiting down the hall from me. I could see you up against the wall with me. I could see you throw your jacket on the floor. I could see you make me want you even more. What would you do, baby, if you only knew
Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Sam 30 Juil 2022 - 5:26
Les questions les plus simples n’amenaient pas des réponses… simples. Je le voyais dans le regard d’Emily lorsque je lui avais demandé ce qu’elle voulait et ce qui lui faisait peur. Qu’est-ce que les gens voulaient réellement ? De quoi avaient-ils peur ? La plupart n’osaient pas se poser la question à eux-mêmes, de peur que la réponse soit à l’opposée de la vie qu’ils avaient construite, que cela les fasse sortir de leur zone de confort. Pire encore, qu’ils se retrouvent face à leurs démons. Ma fille faisait face au sien, je voyais la flamme vaciller dans ses prunelles tandis qu’elle luttait contre elle-même pour continuer à refouler ses sentiments et ses émotions. Les larmes s’amoncelaient sur le bord de ses paupières mais elle se refusait à les laisser couler sur ses joues. J’entend les paroles de ma fille tandis qu’elle parvient à se confier à moi. Je suis fier d’elle sans savoir si elle le voit sur mon visage. Qu’importe, je continue de l’écouter et lui donner l’espace dont elle a besoin pour s’exprimer.
Je me souvenais encore de ses soirées passées avec mon propre père, à discuter à cœur ouvert de tout et de n’importe quoi. Dans les autres familles, je savais que les parents n’avaient pas toujours un dialogue serein avec leurs enfants, qu’arrivé à un certain âge la communication devenait difficile. Je n’en avais pas le souvenir dans la mienne, mon père n’avait jamais eu peur de me parler franchement et d’écouter ce que j’avais à lui dire. Cela était sans doute dû à l’influence douce et bienveillante de ma mère qui avait su faire de notre maison un lieu de paix et de dialogue. J’avais tenté d’offrir cela à Emily, mais les années qu’elle avait passé avec mon ex-épouse avait altéré cette possibilité. Aujourd’hui je devais apporter un cadre à une jeune femme en perte de repère.
Si jusqu’alors Emily était parvenue à garder les larmes après quelques respirations profondes, elles avaient fini par lui échapper sans l’ombre d’un remord. La colère avait cédé sa place à une forme de profonde tristesse, une détresse qu’il m’était impossible d’ignorer alors même qu’elle faisait disparaître son visage pour que je ne puisse pas la voir pleurer. Sans un mot – alors que mon chocolat chaud commençait à dangereusement refroidir alors même qu’il n’en restait que la moitié – je m’étais levé et d’un pas tranquille je m’étais approché d’Emily pour m’agenouiller devant elle. D’une main douce je lui caressais doucement les cheveux pour lui faire sentir ma présence.
- Ma puce, tu as le droit de ressentir tout ça, dis-je dans un premier temps sur un ton doux, tu as le droit d’être en colère, tu as le droit d’être triste… Mais c’est à toi de voir si tu veux te laisser consumer par tes émotions ou si tu veux aller de l’avant.
Par mon travail, je savais à quel point l’être humain avait tendance à se laisser attirer par la noirceur de son âme. Combien de crimes avaient été commis par vengeance, orgueil ou malhonnêteté ? La colère était une mauvaise alliée lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions, elle était la pire des stratèges pour peu que l’on fasse quelque chose de regrettable. Je ne voulais pas voir Emily prendre une mauvaise décision pour fuir cette douleur qui devait lui être parfois insupportable.
- Je ne peux pas te dire quelle solution est la bonne, je ne suis pas dans ta situation, je peux seulement t’offrir mon soutien et mes conseils pour que tu surmontes cette épreuve. Si tu penses que revoir cette femme t’est insurmontable, dis-le-lui et faite en sorte de ne plus vous parler. Mais si tu veux avoir la vérité, si tu veux lui faire une place dans ta vie, ne lutte pas contre toi-même. Je sais que tu es en colère contre elle, que ce qu’elle te raconte peut te sembler illogique et c’est peut-être toi qui ne veux pas y croire tout simplement. Les murs que tu as érigés pour te protéger des autres sont entrain d’être ébranlés, pour le pire et pour le meilleur. Tu es face à changement que tu n’as pas demandé et avec lequel tu dois apprendre à faire affaire.
Je me redressais légèrement pour pouvoir prendre Emily dans mes bras, pour lui offrir un répit où elle n’avait pas forcément besoin de parler. Parfois le silence était de meilleur conseil que tous les discours du monde.
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Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Mar 6 Sep 2022 - 0:05
Le chat sort du sac
avec Andrew Stewart & Emily Stewart
La ligne est fine entre la colère et la tristesse, surtout quand tu t’appelles Emily Stewart. Ma colère a toujours été ma porte de sortie, ma façon de gérer ma tristesse, voir mon désespoir. Être en colère, c’est plus facile que tout le reste. Plus facile que d’avoir peur et faire face à ses peurs. Plus facile que de pleurer et comprendre pourquoi on est triste. Plus facile même que d’aimer, parce qu’on sait que ça nous rend vulnérable. Je suis en colère contre ma mère adoptive parce que c’est plus facile que d’admettre que je l’ai aimé malgré le fait qu’elle ait été odieuse avec moi. Je suis en colère contre Laura parce que c’est plus facile de lui en vouloir de m’avoir abandonné et de m’apporter maintenant toutes ces questions avec son apparition plutôt que de l’aimer et vouloir développer une relation avec elle et risquer d’avoir le cœur briser à nouveau. Ça a toujours été mon échappatoire. Et mon père le sait. Il est sans doute le seul à toujours avoir su. Il sait me lire comme un livre ouvert. Il sait me comprendre sans que je dise le moindre mot. Il sait me déchiffrer rien qu’en me regardant. On pourra dire ce qu’on veut, mon père n’est peut-être pas mon géniteur, mais personne au monde ne me connaitra jamais mieux que lui, comme un père connait son enfant.
J’exprime de la colère jusqu’à ce que j’éclate en sanglot, cachant mon visage entre mes bras, les genoux ramenés vers ma poitrine. Je déteste être faible. Je ne veux pas l’être. Je ne veux pas être vulnérable. C’est quelque chose que je ne m’autorise jamais. Mais si je panique en ce moment à l’idée de faire face à mes peurs, je peux ressentir tout l’amour et la sécurité que dégage mon père devant moi, vers moi. Je l’entends se lever pendant que je retiens mon souffle comme si ça allait m’aider à arrêter de pleurer. Sa main se pose sur mes cheveux et j’en frissonne. Je sais que ça me fait du bien, ça m’apaise. C’est peut-être ça le super pouvoir de mon père. Il me dit calmement, doucement, que j’ai le droit de ressentir tout ce que je ressens, mais qu’il me faut décider si je veux me laisser consumer. Je sais que ce n’est pas ce que je veux, mais je confonds souvent avec le fait de refouler. En ignorant mes réelles émotions, en enfouissant tout ça en moi, je m’imagine que je ne laisse pas tout ça me consumer. Mais je sais que j’ai tort.
Et aujourd’hui en est la preuve.
Comme le père génial et le meilleur conseiller au monde qu’il est, je l’écoute me dire qu’il ne peut pas me donner la solution puisque c’est à moi de la trouver, mais qu’il peut m’offrir son soutien et des conseils pour surmonter tout ça. Je crois que la plus belle chose qui me sois arrivée dans la vie, c’est que cet homme pose les yeux sur l’enfant de 5 ans que j’étais à l’orphelinat, quand lui et son ex-femme ont décidé de m’adopter. Dans toute cette noirceur qui recouvre ma vie entière, il est sans doute ma seule lumière, ma seule étoile pour me guider en temps de tempête. Je doute fortement que j’aurais été capable d’affronter la vie s’il n’avait pas été là. Ce qu’il me dit est totalement sensé mais mon cerveau a du mal à tout enregistrer. Je suis à bout de force, à bout de nerfs. Il finit par se lever et venir me serrer dans ses bras. Et je me laisser aller, me blottis contre lui, fermant les yeux. Cette étreinte est sans doute la meilleure au monde et je me laisserais bercer ainsi tous les jours.
Je garde le silence pendant un moment, le temps de me calmer et réfléchissant à tout ce qu’il m’a dit. Malheureusement, je ne vois pas quoi ajouter car je n’ai toujours aucune réponse. Ça aurait été bien plus facile qu’il prenne une décision pour moi, mais je sais que ça ne fonctionne pas comme ça. Si j’avais eu la moindre impression qu’il se sente menacé par ce nouveau parent dans ma vie, j’aurais pris une décision facilement aussi, mais il n’est pas comme ça. Et je sais qu’il ne veut pas que je prenne une décision qui soit en sa faveur à lui. Après un bon moment dans ses bras à avoir les yeux fermés, contre lui, je finis par me détendre si bien que ma voix n’est plus qu’un chuchotement. Je m’endormirais bien là. « Papa… J’ai de la chance de t’avoir comme père. » J’inspire profondément avant de me blottir un peu plus. « Je sais que j’ai pas besoin de dire ça mais… Merci de m’avoir choisie pour être ta fille. T’es la plus belle chose qui me soit arrivée. » Toujours les larmes aux yeux, je finis par m’endormir contre lui après un moment, simplement apaisée par cette odeur familière, ces bras qui me serrent et me réconforte de la même façon qu’ils l’ont toujours fait. Là… Je suis en sécurité ici. Rien ne peut m’arriver.
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You won't believe half the things I see inside my head. Wait until you see half the things that haven't happened yet. Because I can see you waiting down the hall from me. I could see you up against the wall with me. I could see you throw your jacket on the floor. I could see you make me want you even more. What would you do, baby, if you only knew
Sujet: Re: Le chat sort du sac »» Feat. Andrew Dim 30 Oct 2022 - 14:29
Aux yeux d’un parent, nos enfants resteraient pour toujours ces petits garçons et ces petites filles que nous avions un jour tenu dans les bras alors que le monde leur était totalement inconnu. Nous avions regardé dans le fond de leurs yeux innocents sans y apercevoir la moindre violence et la moindre noirceur. Emily serait à jamais cette petite fille dont j’avais un jour croisé le regard à l’orphelinat alors que nous souhaitions adopter. Elle était celle que j’avais juré de protéger contre vent et marées, mais plus encore, contre elle-même. La vie n’était pas tendre pour tout le monde, ma fille en faisait aussi les frais, c’était une sorte de passage obligatoire pour savoir de quel bois on était fait. Quelle était notre volonté de vivre finalement ? Était-on le genre de personne à s’apitoyer sur notre sort, ou bien avions-nous besoin d’action pour surpasser les mauvais moments ?
En cet instant, je réalisais le chemin déjà parcouru ces dernières années, le temps qui m’avait été volé et que je ne pourrais jamais rattraper avec Emily. Ces aventures en forêts que nous n’avons jamais pu faire entre un père et une fille, comme je l’avais fait par le passé avec mon propre père. J’aurai voulu lui apprendre quelques règles de survie pour faire face aux catastrophes, affronter la nature le temps d’un week-end sous la tente ou un bivouac. Ce n’était pas trop tard, du moins je l’espérais.
Les mots d’Emily se faisaient plus bas à mesure que je sentais son corps se relâcher et le sommeil la gagner dans mes bras. C’était le signe d’une confiance quasi absolu entre elle et moi. Ma petite fille. Je lui déposais un bisou sur le front avant de poser ma tête contre la sienne.
- Repose-toi ma puce, demain sera un autre jour, lui dis-je. Tu sais que tu peux toujours compter sur moi quoi qu’il arrive.
Aux yeux d’un parent, nos enfants resteraient toujours nos enfants et nous les aimions d’un amour sans borne.